Valérie Reybaud
Coaching Parental-Communication Efficace et Bienveillante-Le Mans
 
Valérie Reybaud
Coaching Parental-Communication Efficace et Bienveillante-Le Mans
 

À qui appartient le problème ? Avec l'approche Gordon, laissez votre cape de parent sauveur au placard !


21 vues

"À qui appartient le problème" ou comment lutter contre l'épuisement parental ?

1/Le piège du sauvetage parental : pourquoi nous épuiser à résoudre tous les problèmes de nos enfants ? 

2/Thomas Gordon : Un autre regard sur la relation parent-enfant 

3/Le syndrome du parent-sauveur : quand aider devient contre-productif   

4/Déconstruire le mythe du parent omniscient : vous n'avez pas à tout résoudre   

5/Comment savoir si le problème vous appartient ?   

6/Exemples concrets 

7/Les conséquences du "sauvetage" parental 

8/Quand le problème appartient à l'enfant : l'art de l'écoute active selon Thomas Gordon 

9/Quand le problème appartient au parent : s'affirmer efficacement sans culpabiliser 

10/Comment commencer : 3 étapes simples pour changer votre approche parentale   

11/Les défis prévisibles et comment les surmonter : obstacles fréquents à la méthode Gordon 

12/Les bénéfices pour l'enfant   

13/Pratique progressive : comment intégrer l'approche Gordon au quotidien 

14/Conclusion

Le piège du sauvetage parental : pourquoi nous épuiser à résoudre tous les problèmes de nos enfants ?

Quand notre enfant vient nous voir, frustré parce qu'il n'arrive pas à construire sa tour de cubes ou quand notre ado se plaint d'être nulle en maths, combien de solutions immédiates proposons nous avant même qu'ils aient réfléchi à la question ?  Notre premier réflexe est de voler à leur secours quand ils sont en  difficulté.

Animés par le désir de les protéger, nous tombons régulièrement dans ce qu'on pourrait appeler le "piège du sauvetage parental".

Mais que se passerait-il si nous reconsidérions notre approche ?

Et si au fond, la question la plus importante que nous devions nous poser n'était pas "Comment puis-je résoudre ce problème pour mon enfant ?" mais plutôt "À qui appartient vraiment ce problème ?"

Un autre regard sur la relation parent-enfant

Dans les années 1960, le Dr en psychologie Thomas Gordon élabora sa fameuse approche afin de permettre aux parents de sortir des rapports de force avec leurs enfants. 

Un des éléments phare de cette approche repose sur le fait de savoir à qui appartient le problème.

Gordon distingue trois situations possibles :

  • Le problème appartient à l'enfant
  • Le problème appartient au parent
  • Le problème est partagé (zone de conflit nécessitant résolution)

Cette distinction peut sembler évidente, mais dans la pratique quotidienne, beaucoup de parents endossent automatiquement le rôle de "sauveur" face à tous les problèmes que rencontre leur enfant.

Par automatisme, manque de recul ou désir de contrôle, nous nous immisçons souvent dans des situations qui ne nous concernent pas directement. Nous agissons par réflexe, selon nos propres peurs, notre besoin de paix immédiate ou notre vision idéalisée de ce que devrait être une relation harmonieuse...

Quand aider devient contre-productif

Reconnaissez-vous ces situations ?

  • Votre fils n'arrive pas à nouer ses lacets, vous intervenez immédiatement
  • Votre fille se dispute avec sa meilleure amie, vous appelez sa mère le soir même
  • Votre adolescent oublie son devoir, et vous rédigez sans attendre un mail d'excuse à l'enseignant

Quoique motivé par notre volonté de bien faire, ce réflexe de "sauvetage"  peut avoir des conséquences insoupçonnées :

  • Dépendance accrue : l'enfant apprend à compter systématiquement sur vous plutôt que sur ses propres ressources
  • Message implicite : "tu n'es pas capable de résoudre tes problèmes seul"
  • Surcharge parentale : vous devenez responsable de tous les défis que rencontre votre enfant
  • Compétences non développées : votre enfant perd des occasions précieuses d'acquérir autonomie et résilience

Le mythe du parent omniscient

Notre culture véhicule de nombreuses représentations idéalisées de la parentalité.

Le "bon parent" est souvent dépeint comme celui qui anticipe tous les besoins, résout tous les problèmes et aplanit chaque difficulté. Cette vision est irréaliste et intenable dans les faits.

Elle crée une pression immense sur les parents et peut paradoxalement entraver le développement naturel de l'enfant.

En France, il existe encore une forte croyance selon laquelle les adultes doivent arbitrer systématiquement les problèmes rencontrés par les enfants, comme si ces derniers étaient incapables de trouver leurs propres solutions. Cela malgré ce que nous savons aujourd'hui sur l'importance de l'autonomie.

Alors non ! Les parents ne sont pas tenus d'avoir réponse à tout. Ils n'ont pas non plus à épargner leurs enfants de toute frustration ou difficulté, et ne sont pas responsables de tous les aspects de leur vie.

Comment savoir si le problème vous appartient ?

Quand le doute s'installe et que l'envie d'intervenir nous submerge, rappelons-nous qu'observer avant d'agir est souvent la meilleure stratégie.

Comprendre à qui appartient réellement le problème n'est pas une simple question de laisser-faire. C'est une démarche consciente et réfléchie qui repose sur la confiance en la capacité de nos enfants à développer leurs propres compétences sociales, guidée par un parent qui reconnaît les limites de son rôle.

Comment déterminer à qui appartient un problème ? Thomas Gordon propose un critère simple mais puissant : un problème vous appartient lorsque le comportement ou la situation affecte concrètement votre bien-être, vos besoins et entame directement votre capital d'énergie, temps ou argent.

Pour mieux discerner, vous pouvez :

  • Prendre un temps d'observation : Regardez comment la situation évolue avant de vous précipiter pour la "réparer"
  • Vous poser la question clé : "Est-ce mon problème ou le leur ?" Si personne n'est en danger, il s'agit peut-être d'une précieuse opportunité d'apprentissage
  • Identifier l'impact direct : Le comportement affecte-t-il concrètement votre bien-être ou vos valeurs fondamentales ?
  • Différencier empathie et appropriation : Vous pouvez ressentir de l'empathie pour la difficulté de votre enfant sans prendre en charge son problème
  • Reconnaître vos propres déclencheurs émotionnels : Identifiez ce qui, dans les difficultés de vos enfants, active vos propres inquiétudes

Exemples concrets

Problèmes appartenant à l'enfant :

  • Votre fille de 10 ans s'énerve sur son problème de maths
  • Votre fils est déçu de ne pas avoir été invité à l'anniversaire d'un copain
  • Votre ado ne sait pas quelle activité choisir entre la danse et la photo
  • Votre enfant est anxieux à propos d'un exposé qu'il doit  présenter en classe

Ces situations, bien qu'elles puissent vous affecter émotionnellement et réveiller votre empathie, n'impactent pas directement votre bien-être personnel ou vos besoins.

Problèmes appartenant au parent :

  • Votre enfant met la musique si fort que vous ne pouvez pas vous concentrer sur votre travail
  • Votre fils a cassé délibérément un objet auquel vous teniez
  • Votre fille rentre systématiquement après l'heure convenue
  • Votre ado vous parle mal 

Dans ces cas, le comportement de l'enfant affecte directement vos droits, votre bien-être ou vos valeurs fondamentales.

Lorsque nous ne faisons pas cette distinction cruciale, nous endossons le rôle du "parent-sauveur" et prenons systématiquement en charge tous les problèmes que rencontre notre enfant, y compris ceux qui lui appartiennent légitimement.

Nous nous épuisons à vouloir tout porter ou tout gérer. Nous ne sommes tout simplement pas responsables de leur bonheur à chaque instant.

Les conséquences du "sauvetage" parental

Les conséquences pour l'enfant :

  • Un développement d'une dépendance excessive : l'enfant apprend à compter systématiquement sur les autres
  • Une érosion de la confiance en soi : le message implicite transmis est "tu n'es pas capable de résoudre ce problème seul"
  • Un apprentissage limité : l'enfant perd des occasions précieuses d'acquérir des compétences de résolution de problèmes
  • Une anxiété face aux défis : paradoxalement, la surprotection peut générer plus d'anxiété face aux situations nouvelles
  • Une responsabilité diminuée : l'enfant n'apprend pas à assumer les conséquences de ses actes et décisions

Les conséquences pour le parent :

  • Un épuisement émotionnel et mental : porter tous les problèmes de l'enfant en plus des siens mène à l'épuisement
  • Une frustration croissante : l'impression de devoir constamment intervenir devient source de tension
  • Un sentiment d'échec parental : malgré tous les efforts fournis, l'enfant ne développe pas son autonomie
  • Une relation parent-enfant déséquilibrée : une dynamique malsaine s'installe où l'enfant attend systématiquement l'intervention parentale

Quand le problème appartient à l'enfant : l'art de l'écoute active selon Thomas Gordon

Lorsque vous identifiez qu'un problème appartient à votre enfant, la méthode Gordon recommande l'écoute active plutôt que les solutions immédiates. Il s'agit alors de :

1. Accueillir pleinement le problème sans le minimiser

Contrairement à l'instinct qui nous pousse à dire "Ce n'est pas grave" ou "Tu t'en remettras", l'écoute active commence par la validation. Évitez les phrases comme "Tu exagères" ou "Ce n'est pas la fin du monde" qui peuvent involontairement communiquer que les sentiments de l'enfant ne sont pas légitimes.

2. Refléter les émotions et reformuler

Cette technique consiste à mettre des mots sur ce que ressent l'enfant et à reformuler son problème pour lui montrer que vous le comprenez. Par exemple :

  • "Tu sembles vraiment déçu de ne pas avoir été invité à cette fête"
  • "J'entends que tu te sens frustré parce que ce puzzle est particulièrement difficile"

3. Poser des questions ouvertes qui stimulent la réflexion

Au lieu de proposer immédiatement une solution, encouragez la réflexion par des questions ouvertes :

  • "Qu'est-ce que tu as déjà essayé pour résoudre ce problème ?"
  • "Quelles options penses-tu avoir dans cette situation ?"
  • "Comment aimerais-tu que les choses se passent ?"

4. Résister à l'impulsion de proposer des solutions

C'est souvent la partie la plus difficile pour les parents. Notre instinct nous pousse à dire : "Tu devrais faire..." ou "À ta place, je...". Résister à cette impulsion demande de la pratique et une conscience de nos propres réactions.

5. Exprimer votre confiance dans les capacités de l'enfant

Des phrases comme :

  • "Je suis curieux(se) de voir quelle solution tu vas trouver"
  • "Tu as déjà résolu des problèmes difficiles par le passé"
  • "Je sais que tu as les ressources pour y faire face"

Quand le problème appartient au parent : s'affirmer efficacement sans culpabiliser

Lorsque le comportement de l'enfant vous touche directement, Gordon recommande d'utiliser des "messages-je" plutôt que des "messages-tu" accusateurs. Par exemple :

Au lieu de : "Tu es insupportable avec cette musique trop forte ! Tu ne penses jamais aux autres !"

Essayez : "Quand la musique est si forte, j'ai du mal à me concentrer sur mon travail et je me sens frustré(e) car j'ai besoin de terminer ce dossier."

Cette approche :

  • Décrit la situation sans jugement
  • Exprime votre sentiment
  • Explique l'impact concret sur vous
  • Évite les accusations qui provoquent automatiquement une attitude défensive

Comment commencer : 3 étapes simples pour changer votre approche parentale

Changer nos habitudes parentales demande du temps. Voici comment démarrer simplement :

1. Observez vos interventions

Pendant quelques jours, remarquez quand vous intervenez automatiquement dans les problèmes de votre enfant. Posez-vous la question : "Est-ce vraiment mon problème ou le sien ?"

2. Choisissez un domaine pour pratiquer

Sélectionnez une seule situation où vous allez essayer de ne pas intervenir immédiatement (par exemple, les devoirs ou les petits conflits entre frères et sœurs). Commencer par un seul domaine rend le changement plus facile.

3. Préparez quelques phrases d'écoute

Au lieu de donner des solutions, entraînez-vous à dire :

  • "Comment penses-tu pouvoir résoudre ce problème ?"
  • "Tu sembles vraiment frustré par cette situation."
  • "Je me demande ce que tu pourrais essayer..."

N'oubliez pas d'être patient avec vous-même. Parfois vous interviendrez par réflexe, et c'est normal. Chaque nouvelle situation est une occasion de pratiquer cette approche.

Les défis prévisibles et comment les surmonter : obstacles fréquents à la méthode Gordon

La mise en pratique de l'approche de Gordon rencontre inévitablement des obstacles :

1. La résistance de l'enfant

Habitué à ce que vous résolviez ses problèmes, votre enfant pourrait dans un premier temps :

  • Insister davantage pour obtenir votre aide
  • Se montrer frustré face à votre nouvelle approche
  • Tester votre détermination par des comportements régressifs

Solution : Restez cohérent(e) tout en reconnaissant que ce changement est difficile pour lui. Rassurez-le sur votre soutien inconditionnel tout en maintenant la nouvelle dynamique.

2. La culpabilité parentale

Les messages culturels sur le "bon parent" sont profondément ancrés et peuvent générer une culpabilité intense lorsque vous cessez de vouloir faire à la place de votre enfant.

Solution : Rappelez-vous régulièrement que votre objectif à long terme est de préparer votre enfant à l'autonomie, pas de le maintenir dans la dépendance. Reconnectez-vous à cette vision plus large de votre rôle parental.

3. L'inconstance dans l'application

Il est facile de revenir à nos anciens schémas, surtout dans les moments de stress, de fatigue ou de pression temporelle.

Solution : Soyez indulgent(e) envers vous-même lors des inévitables "rechutes". Chaque interaction est une nouvelle opportunité d'appliquer l'approche. La cohérence absolue n'est pas humainement possible ni même nécessaire.

4. La pression sociale

Famille, amis, enseignants peuvent parfois (explicitement ou implicitement) critiquer votre nouvelle approche, surtout si elle contraste avec leur propre style parental.

Solution : Préparez quelques phrases simples pour expliquer votre démarche sans entrer dans une posture défensive. Par exemple : "Nous essayons une approche qui aide nos enfants à développer leur autonomie et leur confiance en eux."

Les bénéfices pour l'enfant

Lorsque nous résistons à l'impulsion de résoudre les problèmes de nos enfants, des transformations surprenantes se produisent :

  • L'enfant développe sa confiance en soi : "J'ai résolu ce problème tout seul !"
  • Les compétences de résolution de problèmes s'affinent par la pratique
  • La créativité s'épanouit face aux obstacles
  • La relation parent-enfant s'équilibre : vous devenez un soutien plutôt qu'un sauveur
  • Vous gagnez en énergie en ne portant plus tous les problèmes sur vos épaules

Pratique progressive : comment intégrer l'approche Gordon au quotidien

Cette approche ne s'adopte pas du jour au lendemain. Commencez par :

  • Observer pendant une journée combien de fois vous intervenez dans les problèmes de votre enfant
  • Choisir un domaine où vous allez consciemment vous retenir d'intervenir
  • Préparer quelques phrases d'écoute active à utiliser
  • Célébrer les petites victoires quand votre enfant résout ses problèmes

Conclusion : De parent-sauveur à parent ressource

L'approche de Thomas Gordon nous rappelle une vérité essentielle : notre rôle n'est pas de résoudre tous les problèmes de nos enfants, mais de les aider à développer leurs propres capacités.

En identifiant clairement "à qui appartient le problème", nous passons du rôle épuisant de parent sauveur à celui de parent ressource, qui est là pour accompagner et aider à clarifier le problème si nécessaire, qui sécurise et qui ne donne pas de solution toute faite. Ce changement permet à nos enfants de gagner en confiance et en autonomie.

Comme le dit le proverbe : mieux vaut apprendre à pêcher que donner un poisson. En laissant à nos enfants la possibilité de résoudre leurs propres défis, nous leur offrons les compétences dont ils auront besoin toute leur vie, même quand nous ne serons plus là.

Et vous, comment distinguez-vous les problèmes qui vous appartiennent de ceux qui appartiennent à votre enfant ? Partagez votre expérience en commentaire !


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

À la une

Comment être un parent positif pour son enfant ?

05 Jan 2025

Psychanalyse versus Éducation Positive, comment s'y retrouver ?
1/Time out, ressources... Tout et son contraire 2/Les clés de l'éducation positive 3/Pulsion/...

À la une

"Maman !...J'arrive pas à dormir !" Ou comment gérer les couchers difficiles

03 Avr 2023

De l'utilité de l'écoute active en cas de coucher difficile
Acte 1/ Avec écoute active Acte2/ Sans écoute active
Écoute active : mise en situation avec l'app...

À la une

"C'est elle qui a commencé" ! Que faire en cas de conflits dans la fratrie ?

03 Avr 2023

Arbitrer ? Les séparer ? Focus sur la meilleure attitude adopter en cas de conflit dans la fratrie
Étape1/À qui est le problème  Étape2/Résolution du problèm...

Derniers articles

Le biscuit brisé

Création et référencement du site par Simplébo   |   Ce site a été créé grâce à RESALIB

Connexion

Retrouvez Valérie Reybaud sur Resalib : annuaire, référencement et prise de rendez-vous pour les Coachs Parental et Familial